Les études genre permettent d’accompagner les organisations membres vers une transformation en termes de genre de leur stratégie d’intervention, de leurs postures, de leurs relations partenariales ou avec les parties-prenantes
Le genre permet de mettre en lumière la construction sociale des différences entre le masculin et le féminin dans une société donnée à un moment donné. Ce concept permet d’appréhender les relations sociales entre les personnes comme des rapports de pouvoir et de domination, qui peuvent être déconstruits. Lorsque le concept de genre s’articule avec d’autres rapports de pouvoir, basés sur la classe sociale, la caste, la couleur de peau, la sexualité, l’âge, la situation de handicap…, on parle d’approche intersectionnelle de genre.
La perspective de genre permet de visualiser et d’analyser la construction sociale des genres et donc les inégalités qui existent entre le groupe des hommes et le groupe des femmes et des minorités de genre, mais aussi à l’intérieur de chacun de ces groupes. La perspective de genre est donc nécessaire pour combattre les inégalités basées sur le genre. Le F3E promeut une approche intersectionnelle de genre qui, par des postures (favorisant l’inclusion et le renforcement du pouvoir d’agir des populations discriminées et/ou vulnérables), des connaissances théoriques et des méthodes et outils spécifiques, accompagne les organisations et leur permet d’œuvrer pour une transformation sociale vers davantage d’égalité de genre.
Dans le cadre de son appel à manifestation d’intentions d’études annuel, le F3E a mis en place depuis 2019 un fonds spécifique pour le cofinancement d’études genre. A partir de 2024, ces études genre doivent comporter une dimension transformative en termes de genre. Cette évolution est liée aux forts apprentissages tirés de la revue transversale « Genre et démarches d’apprentissage » finalisée en 2024, qui a fortement incité le F3E à asseoir les études genre comme leviers de transformation pour les organisations.
L’ensemble des études accompagnées par le F3E doivent, a minima, veiller à ne pas aggraver les inégalités de genre, et donc se questionner sur les besoins différenciés des différents groupes sociaux. Ainsi, l’ensemble des termes de référence des études accompagnées par le F3E bénéficient d’une relecture sensible au genre.
Pour les études genre, cela va plus loin. Elles doivent viser, en termes d’intention et de questionnements de départ, d’être transformatives en termes de genre, que ce soit :
Ainsi, une étude genre a pour finalité d’améliorer les stratégies, postures, pratiques… des organisations en faveur d’un changement social intégrant une plus grande égalité de genre. Les études genre ne visent pas à ce que les organisations aient toutes et systématiquement un effet transformatif sur les relations de genre dans les pays d’intervention, ou que toutes les organisations se déclarent organisations féministes. Simplement, pour qu’elles soient réellement source d’apprentissage pour les organisations qui les mènent, les études genre doivent leur permettre d’avancer de façon significative dans leur réflexion et leur cheminement de genre.
Une étude genre est toujours accolée à un autre type d’études proposés par le F3E1 : cela permet de mêler l’entrée approche (genre) et l’entrée méthodologique (évaluation, capitalisation, suivi-évaluation, appui à la participation participative…).
Des diagnostics préalables permettront d’identifier une approche intersectionnelle de genre à adopter dans la définition et la planification des projets et programmes, afin d’en améliorer la qualité en œuvrant vers plus d’égalité. Ainsi, une étude préalable se questionnera par exemple sur la valeur ajoutée ou les risques éventuels du projet envisagé sur les différentes catégories de population et mettra en lumière les actions à mettre en œuvre pour œuvrer vers davantage d’égalité de pouvoir d’agir. Pour un appui à la planification participative, on sera attentif-ve aux enjeux spécifiques liés au genre dans l’exercice de planification et dans la méthodologie de l’étude, mais aussi à « l’atterrissage » de l’étude dans un plan d’action, coconstruit avec les parties-prenantes et budgété.
Des études sur les actions en cours ou venant d’être menées intégrant une perspective de genre permettront notamment aux membres du F3E de promouvoir la participation la plus inclusive possible des acteurs et actrices, en questionnant les dynamiques partenariales et en interrogeant les dynamiques de pouvoir qui les sous-tendent. Ainsi, une capitalisation avec perspective de genre permettra de valoriser les savoirs situés (femmes, hommes et minorités de genre possèdent des connaissances sur des sujets différents, des connaissances différentes sur des mêmes sujets, reçoivent, organisent et transmettent leurs connaissances de manière différente…), et de diffuser une culture de prise en compte du genre en interne et en externe. Un appui à la mise en place de dispositifs de suivi-évaluation permettra de développer un cadre de réflexion où les données sont mises au service d’une meilleure prise en compte du genre en continu. Une évaluation avec perspective de genre permettra d’identifier la façon dont les approches genre sont mobilisées ou non dans l’action, et proposera des recommandations pour en renforcer la prise en compte spécifique et transversale pour les futures phases.
Des études d’analyse des effets et de l’impact de projets intégrant l’approche genre pourront identifier si les inégalités de genre ont perduré, ont été amplifiées ou atténuées et pour quelles raisons, ceci dans une perspective de contribution effective à des changements sociaux durables. Enfin, des études collectives peuvent être menées avec perspective de genre, afin de faire progresser la connaissance et favoriser la concertation des acteurs et actrices autour de ce sujet stratégique.
Une étude genre étant définie comme une étude avec une vocation transformative, ne sont pas considérées comme des études genre les études qui portent sur une action spécifique, ciblée.
Par exemple, la capitalisation d’un projet ou programme « genre » sera considérée comme une capitalisation sauf s’il est démontré dès la note d’intention la capacité transformative de cette étude sur l’organisation en termes de genre. En effet, le risque est que le genre soit considéré comme un « sujet », parfois d’ailleurs réduit à une implication des femmes ou des filles, et ne remette pas en cause les relations sociales inégalitaires qui pénalisent celles-ci et les minorités de genre. En outre, une action ciblée, en silo, est rarement durable, et a en général peu d’influence sur la stratégie d’intervention de l’organisation.
Enfin, le but du F3E au travers des études genre n’est pas que toutes les organisations membres aient immédiatement des actions transformatrices en termes de genre mais d’accompagner ses membres sur le chemin d’une meilleure prise en compte du genre. Ainsi, c’est bien l’étude qui doit avoir un effet transformateur sur l’organisation qui la porte.
En complément des priorités, finalités et modalités générales de l’accompagnement et du cofinancement d’études du F3E, les aspects suivants sont à prendre en compte pour les études genre accompagnées par le F3E :
Nous diffusons les produits issus des études préalables que nous accompagnons, en particulier sur notre site internet.
Nous pouvons aussi être amené-e-s à les valoriser de différentes manières (analyses transversales,
restitutions élargies, ateliers d’échange…), en accord avec les structures concernées, au service du
bénéfice collectif.
Pour vous inspirer, n’hésitez pas à consulter la fiche de capitalisation de la restitution croisée des études genre de Action Education et de Inter-Aide.
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Pour toute demande d’information, vous pouvez contacter Lilian Pioch, coordinateur des études, influence et partenariat