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12 Mai 2025

Enjeu genre dans les projets de propreté

Couverture titre "note d'enjeux"

La gestion des déchets et la propreté sont des enjeux majeurs pour la plupart des pays et des villes à travers le monde. En effet, l’augmentation exponentielle de la production des déchets et leur mauvaise gestion menacent la santé et les écosystèmes tout en contribuant au changement climatique.

Nous entendons par « propreté et gestion des déchets » les pratiques de nettoyage de l’espace public, la collecte, le négoce, le courtage, le transport, le traitement, la réutilisation et/ou l’élimination des déchets, habituellement ceux issus des activités humaines. Cette gestion vise à assurer notamment la propreté des espaces publics et à réduire les effets des déchets sur la santé humaine et environnementale. Un accent est mis depuis quelques décennies sur la réduction de l’effet des déchets sur la nature et l’environnement et sur leur valorisation dans une perspective d’économie circulaire. Tous les déchets sont concernés (solides, liquides ou gazeux, toxiques, dangereux, etc.), chacun possédant sa filière spécifique. Les modes de gestion diffèrent selon le niveau d’industrialisation et de richesse du pays considéré, dans une ville ou dans une zone rurale, que l’on ait affaire à un-e particulier-e, à un·e industriel-le ou à un-e commerçant-e. Les déchets non dangereux sont habituellement gérés sous la responsabilité des autorités locales, alors que les déchets des commerces et de l’industrie tendent à l’être sous leur propre responsabilité : on parle de « responsabilité élargie du producteur/de la productrice » (REP).

Le rapport « What a waste 2.0 » réalisé par la Banque Mondiale indique que le monde produit 2,01 milliards de tonnes de déchets solides par an, dont au moins 33% ne sont pas traités correctement, c’est-à-dire dans le respect de l’environnement. La quantité et la composition des déchets varient selon le niveau de revenus des pays, sachant que le pourcentage des déchets organiques diminue à mesure que les revenus augmentent. Les déchets produits dans les pays qui ont des revenus élevés contiennent plus de matériaux (papier et plastique) que ceux des pays à faibles revenus.

Les espaces publics sont nettoyés par le biais de collecteurs et collectrices de déchets tantôt prenant la forme d’organisations gérées par les États, donc établies au sein de systèmes formalisés, tantôt via des particuliers et particulières non rattaché-e-s à des organes étatiques et exerçant leurs fonctions de manière informelle. Un rapport de la Banque Mondiale indique que la gestion des déchets peut être le poste de dépenses le plus élevé pour de nombreuses administrations locales dans les pays à faibles revenus. Elle représente près de 20% des budgets municipaux dans les pays à faibles revenus, 10% dans les pays à revenus intermédiaires et 4% dans les pays à revenus élevés.

Dans les pays qui ont de faibles revenus, lorsque les services sont défaillants, la collecte et le traitement des déchets sont pris en charge par le secteur informel englobant une proportion élevée de femmes. La récupération informelle des matériaux recyclables réduit les coûts de gestion pour les municipalités. Des millions d’euros sont ainsi économisés chaque année par l’État et les collectivités territoriales qui délèguent de fait ce service. Les activités du secteur informel aident aussi les municipalités à améliorer leurs taux de recyclage et à réduire les volumes des déchets mis en décharge.

Plus de 15 millions de personnes dans le monde vivent de la récupération des ordures. Généralement des femmes, des enfants, des personnes âgées, des migrant-e-s, des populations de classes sociales très défavorisées, voire considérées comme inférieures, qui vivent dans des conditions insalubres, sans sécurité sociale, ni assurance maladie et sont confronté-e-s au rejet social.

Enjeu climatique et enjeu social, la gestion des déchets n’échappe pas aux enjeux de genre et à la division sexuelle du travail. Les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes comportements en ce qui concerne la production des déchets, leurs rôles au sein des ménages et la communauté diffèrent en matière de gestion des déchets et elles et ils ne disposent pas des mêmes capacités et accès aux opportunités professionnelles. Enfin, les impacts de la (non) gestion des déchets est différente pour les hommes et les femmes.

Les femmes qui travaillent dans la gestion des déchets exercent pour la plupart d’entre elles leurs fonctions de manière informelle, ce qui ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins, ni de pouvoir être indépendantes financièrement (de leurs pères/maris/frères…).  Ces conditions de travail les placent dans une immense précarité bafouant leurs droits de pouvoir disposer de revenus stables, de bénéficier d’assurances et de protection sociale.